Léo a 5 ans. Il se promène avec son père dans une forêt. Il ne reconnait pas le paysage. Aujourd’hui, ils se sont aventurés plus loin que d’habitude. Au-delà des collines connues, ils explorent un territoire inédit et Léo en éprouve une délicieuse inquiétude, entre attrait pour ce qu’il ignore et découvre et peur de se perdre. Mais son père est là. A la sortie du bois, un mur se dresse. Il est haut de plusieurs mètres et on ne voit pas le moyen de le contourner. Léo demande à son père :
— C’est quoi, ça ? Comment on fait pour passer ?
— C’est un mur, lui répond son père, on a été au bout. Après c’est interdit. Et de toute façon, on ne peut pas le franchir
— Pourquoi interdit ? Il y a quoi derrière ?
— D’autres forêts. D’autres gens.
— Et on ne peut pas les voir, leur parler ?
— Non, ce n’est pas chez nous.
— Mais on peut les inviter. Il y a plein de gens qui ne sont pas chez nous et qu’on peut inviter
— Oui, mais là ce n’est pas pareil, il y a un mur. On est séparés.
Un mur. Certains en rêvent pour séparer, cloisonner, délimiter, éloigner. Mettre loin de nous. Par peur ? Par colère ? Par égoïsme. Certains construisent des murs. De plus en plus haut, de plus en plus surveillés. D’autres rêvent de ponts qui relient, qui partagent, qui permettent de circuler, de parler à l’autre ailleurs. D’autres encore les transpercent, les traversent, en jouent. Ronald Rael, professeur d’architecture à l’université californienne Berkeley, ont travaillé depuis 10 ans sur ce projet de balançoire entre le Mexique et le nouveau Mexique aux Etats-Unis, avec Virginia San Fratello, qui enseigne le design à l’université de San Jose. Et les enfants s’en balancent, de nos murs !